Les medicaments toujours moins chers ?

22 juin 2012 Bruxelles : source l'echo.be
 http://monargent.lecho.be/budget_et_temps_libre/budget/Les_medicaments_toujours_moins_chers.9206351-2223.art?

Les mé­di­ca­ments moins chers re­pré­sentent dé­sor­mais la moi­tié des mé­di­ca­ments pres­crits et rem­bour­sés, contre 12% il y a dix ans! Pour Jean Her­messe, se­cré­taire gé­né­ral de la Mu­tua­li­té Chré­tienne, "la po­li­tique de ré­duc­tion des prix des mé­di­ca­ments porte ses fruits". Et la Mi­nistre de la Santé, Lau­rette On­ke­linx, n’a pas l’in­ten­tion d’en res­ter là. De nou­velles me­sures ont été prises ré­cem­ment. Voici les trois prin­ci­pales.

1. Sur pré­sen­ta­tion d’une pres­crip­tion en DCI (Dé­no­mi­na­tion Com­mune In­ter­na­tio­nale) qui porte uni­que­ment le nom de la mo­lé­cule, le phar­ma­cien est obli­gé de vous vendre le mé­di­ca­ment le moins cher.

2. Toute pres­crip­tion d’an­ti­bio­tique ou d’an­ti­my­co­sique doit être consi­dé­rée
comme une pres­crip­tion en DCI. Le phar­ma­cien doit donc dé­li­vrer la sub­stance la moins coû­teuse.

3. Le prix des mé­di­ca­ments sous bre­vet de­puis au moins 5 ans sera
bien­tôt lié à l’évo­lu­tion des prix dans six pays pré­sen­tant un pro­fil com­pa­rable au nôtre (Al­le­magne, Pays-Bas, France, Fin­lande, Au­triche, Ir­lande).

"Les chiffres de l’OCDE montrent qu’en Bel­gique, les mé­di­ca­ments re­pré­sentent en­core 17% de la dé­pense to­tale de santé, soit quelque 7 mil­liards d’euros", ex­plique Jean Her­messe. En outre, avec la crise, les pa­tients sont de plus en plus nom­breux à re­por­ter leurs soins pour des rai­sons fi­nan­cières. 
Mais du côté de l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique, ces me­sures passent mal. "Notre contri­bu­tion an­nuelle aux éco­no­mies dans le sec­teur des soins de santé at­teint déjà 400 mil­lions, sou­ligne Chris­tine Va­nor­me­lin­gen, porte-pa­role de Pharma.​be, l’As­so­cia­tion gé­né­rale de l’in­dus­trie du mé­di­ca­ment. Et, cette année, on nous a de­man­dé 217 mil­lions d’euros sup­plé­men­taires! De plus, nous sommes le sec­teur le plus im­por­tant en ma­tière de Re­cherche & Dé­ve­lop­pe­ment (R&D): notre par­ti­ci­pa­tion à l’in­dus­trie de la connais­sance dé­passe les 40%! Et nos ex­por­ta­tions contri­buent pour plus de 6 mil­liards d’euros à la ba­lance com­mer­ciale. Enfin, nous em­ployons 32.​000 per­sonnes."

Frein à l’in­no­va­tion?

Par ailleurs, les don­nées re­cueillies sur le mar­ché eu­ro­péen par l’agence IMS montrent que, contrai­re­ment aux idées re­çues, le prix d’en­trée du mé­di­ca­ment sous bre­vet est moins élevé en Bel­gique que dans d’autres pays. "Certes, ce prix reste stable jusqu’à l’échéance du bre­vet, soit pen­dant douze ans, admet Chris­tine Va­nor­me­lin­gen. Mais, à l’ex­pi­ra­tion du délai, il chute im­mé­dia­te­ment de 41,9%! Tou­cher au mar­ché des mé­di­ca­ments sous bre­vet, c’est cou­per dans les moyens dis­po­nibles pour la re­cherche, et donc frei­ner l’in­no­va­tion!"
Iti­ne­ra Ins­ti­tute, think-tank in­dé­pen­dant confirme. "Di­mi­nuer les prix des mé­di­ca­ments sous bre­vet dès la sixième année en cas de baisse dans les pays de ré­fé­rence peut sem­bler in­té­res­sant à court terme, ex­plique Pie­ter Van Herck, Se­nior Fel­low de l’Ins­ti­tute. Mais, à long terme, cela peut avoir des consé­quences in­at­ten­dues!" Le ni­veau de R&D varie en effet sen­si­ble­ment selon les pays. "Il est par exemple bien plus élevé en Bel­gique qu’aux Pays-Bas, re­marque Pie­ter Van Herck. Nous avons donc in­té­rêt à nous mon­trer plus pru­dents que les Néer­lan­dais dans la ré­gu­la­tion des bre­vets, car l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique a plus d’im­por­tance pour notre éco­no­mie, no­tam­ment en ma­tière d’em­ploi. En outre, com­pa­rer les prix des mé­di­ca­ments dans dif­fé­rents pays eu­ro­péens, re­vient un peu à com­pa­rer des pommes et des poires. Avant d’en ar­ri­ver là, il fau­drait ali­gner les cri­tères de rem­bour­se­ment…"

 Fausse bonne idée?

"Di­sons qu’elle sera dif­fi­cile à mettre en oeuvre, re­con­naît Jean Her­messe. En Hon­grie où on s’y at­telle ac­tuel­le­ment, une équipe de trente per­sonnes est né­ces­saire rien que pour suivre au jour le jour l’évo­lu­tion des prix des mé­di­ca­ments dans les pays de ré­fé­rence!" C’est tou­te­fois un pre­mier pas vers da­van­tage de trans­pa­rence.

Chan­ger les men­ta­li­tés et les com­por­te­ments

"Nous sa­vons que la re­cherche coûte cher, re­con­naît Jean Her­messe. Mais elle n’est pas seule en cause dans la for­ma­tion des prix. Le sec­teur phar­ma­ceu­tique in­ves­tit des sommes consi­dé­rables dans le mar­ke­ting et la pu­bli­ci­té!"
Et puis le poids du mé­di­ca­ment dans le bud­get des soins de santé n’est pas qu’une ques­tion de prix. "Les Belges conti­nuent à prendre trop de mé­di­ca­ments! Il faut donc sen­si­bi­li­ser les pres­crip­teurs mais aussi in­for­mer de façon cor­recte et ob­jec­tive. Or, la Bel­gique compte plus de 3.​000 dé­lé­gués mé­di­caux em­ployés par les firmes. C’est bien plus que dans d’autres pays! Fau­dra-t-il créer, comme aux Pays-Bas, un corps in­dé­pen­dant payé par l’Etat pour as­su­rer l’in­for­ma­tion sur les nou­veaux mé­di­ca­ments? Pour­quoi pas?"
"De­puis 2006, une par­tie des mé­di­ca­ments ad­mi­nis­trés dans les hô­pi­taux sont rem­bour­sés par l’as­su­rance ma­la­die de façon for­fai­taire par ad­mis­sion. Les hô­pi­taux n’ont donc plus in­té­rêt à aug­men­ter les quan­ti­tés ou à uti­li­ser des mé­di­ca­ments chers. Ré­sul­tat: une dif­fé­rence de 75 mil­lions d’euros entre le bud­get de base de 2006 et le bud­get al­loué au­jourd’hui! Les mé­de­cins pres­crivent mieux et moins."

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