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Les médicaments moins chers représentent désormais la moitié des médicaments prescrits et remboursés, contre 12% il y a dix ans! Pour Jean Hermesse, secrétaire général de la Mutualité Chrétienne, "la politique de réduction des prix des médicaments porte ses fruits". Et la Ministre de la Santé, Laurette Onkelinx, n’a pas l’intention d’en rester là. De nouvelles mesures ont été prises récemment. Voici les trois principales.
1. Sur présentation d’une prescription en DCI (Dénomination Commune Internationale) qui porte uniquement le nom de la molécule, le pharmacien est obligé de vous vendre le médicament le moins cher.
2. Toute prescription d’antibiotique ou d’antimycosique doit être considérée
comme une prescription en DCI. Le pharmacien doit donc délivrer la substance la moins coûteuse.
3. Le prix des médicaments sous brevet depuis au moins 5 ans sera
bientôt lié à l’évolution des prix dans six pays présentant un profil comparable au nôtre (Allemagne, Pays-Bas, France, Finlande, Autriche, Irlande).
"Les chiffres de l’OCDE montrent qu’en Belgique, les médicaments représentent encore 17% de la dépense totale de santé, soit quelque 7 milliards d’euros", explique Jean Hermesse. En outre, avec la crise, les patients sont de plus en plus nombreux à reporter leurs soins pour des raisons financières.
Mais du côté de l’industrie pharmaceutique, ces mesures passent mal. "Notre contribution annuelle aux économies dans le secteur des soins de santé atteint déjà 400 millions, souligne Christine Vanormelingen, porte-parole de Pharma.be, l’Association générale de l’industrie du médicament. Et, cette année, on nous a demandé 217 millions d’euros supplémentaires! De plus, nous sommes le secteur le plus important en matière de Recherche & Développement (R&D): notre participation à l’industrie de la connaissance dépasse les 40%! Et nos exportations contribuent pour plus de 6 milliards d’euros à la balance commerciale. Enfin, nous employons 32.000 personnes."
Frein à l’innovation?
Par ailleurs, les données recueillies sur le marché européen par l’agence IMS montrent que, contrairement aux idées reçues, le prix d’entrée du médicament sous brevet est moins élevé en Belgique que dans d’autres pays. "Certes, ce prix reste stable jusqu’à l’échéance du brevet, soit pendant douze ans, admet Christine Vanormelingen. Mais, à l’expiration du délai, il chute immédiatement de 41,9%! Toucher au marché des médicaments sous brevet, c’est couper dans les moyens disponibles pour la recherche, et donc freiner l’innovation!"Itinera Institute, think-tank indépendant confirme. "Diminuer les prix des médicaments sous brevet dès la sixième année en cas de baisse dans les pays de référence peut sembler intéressant à court terme, explique Pieter Van Herck, Senior Fellow de l’Institute. Mais, à long terme, cela peut avoir des conséquences inattendues!" Le niveau de R&D varie en effet sensiblement selon les pays. "Il est par exemple bien plus élevé en Belgique qu’aux Pays-Bas, remarque Pieter Van Herck. Nous avons donc intérêt à nous montrer plus prudents que les Néerlandais dans la régulation des brevets, car l’industrie pharmaceutique a plus d’importance pour notre économie, notamment en matière d’emploi. En outre, comparer les prix des médicaments dans différents pays européens, revient un peu à comparer des pommes et des poires. Avant d’en arriver là, il faudrait aligner les critères de remboursement…"
Fausse bonne idée?
"Disons qu’elle sera difficile à mettre en oeuvre, reconnaît Jean Hermesse. En Hongrie où on s’y attelle actuellement, une équipe de trente personnes est nécessaire rien que pour suivre au jour le jour l’évolution des prix des médicaments dans les pays de référence!" C’est toutefois un premier pas vers davantage de transparence.Changer les mentalités et les comportements
"Nous savons que la recherche coûte cher, reconnaît Jean Hermesse. Mais elle n’est pas seule en cause dans la formation des prix. Le secteur pharmaceutique investit des sommes considérables dans le marketing et la publicité!"Et puis le poids du médicament dans le budget des soins de santé n’est pas qu’une question de prix. "Les Belges continuent à prendre trop de médicaments! Il faut donc sensibiliser les prescripteurs mais aussi informer de façon correcte et objective. Or, la Belgique compte plus de 3.000 délégués médicaux employés par les firmes. C’est bien plus que dans d’autres pays! Faudra-t-il créer, comme aux Pays-Bas, un corps indépendant payé par l’Etat pour assurer l’information sur les nouveaux médicaments? Pourquoi pas?"
"Depuis 2006, une partie des médicaments administrés dans les hôpitaux sont remboursés par l’assurance maladie de façon forfaitaire par admission. Les hôpitaux n’ont donc plus intérêt à augmenter les quantités ou à utiliser des médicaments chers. Résultat: une différence de 75 millions d’euros entre le budget de base de 2006 et le budget alloué aujourd’hui! Les médecins prescrivent mieux et moins."
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