UCB: la chasse aux Brevets

Source : Trends.be 15 septembre 2011
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Depuis qu’il a accédé au poste de président UCB New Medicines ennovembre 2009, Ismail Kola préfère voyager de par le monde à la recherche de médicaments susceptibles de remplir le pipeline et d’assurer au groupe biopharmaceutique
des produits innovants. Et son travail porte manifestement ses fruits: le pipeline s’est entretemps bien étoffé. A tel point que Roch Doliveux, l’actuel CEO d’UCB, l’a à plusieurs reprises
décrit comme le collaborateur le plus important de son entreprise.
Avant l’arrivée d’Ismail Kola arthrite rhumatoïde) et du Vimpat (thérapie d’appoint dans le traitement des crises partielles d’épilepsie) tandis que le Neupro, un patch transdermique contre
les symptômes de la maladie de Parkinson, a été à nouveau autorisé
sur le marché européen.

Recherche et développement
Ismail Kola a ensuite administré la dose d’adrénaline supplémentaire dont UCB avait besoin pour accélérer le remplissage du pipeline. A présent, les quelque 600 scientifiques du département New Medicines qu’il dirige se penchent sur des dizaines de médicaments potentiels, dans les laboratoires de Braine-l’Alleud, au sud de Bruxelles, et de Slough, en Grande-Bretagne.

 UCB a connu quelques années difficiles. Le groupe, contrôlé par la holding Financière de Tubize et ses actionnaires, était en butte à des doutes tenaces. Ceux-ci étaient nourris par l’image d’une entreprise n’ayant qu’une seule corde à son arc, en raison des années de domination d’UCB dans la vente et le bénéfice du produit antiallergique Zyrtec et plus tard, de l’antiépileptique Keppra.
Roch Doliveux est heureusement parvenu à relancer la mécanique en obtenant l’approbation pour la commercialisation du Cimzia

ISMAIL KOLA, PRÉSIDENT UCB NEW MEDICINES
«Je ne peux pas révéler quel sera le prochain accord pour la recherche. Nous travaillons de façon
proactive et nous avons été invités par des d’universités de haut niveau.»
«Il serait naïf de penser qu’on ne lorgne pas vers nous.»
Le groupe pharmaceutique a récemment conclu une alliance en matière de recherche avec la prestigieuse université de Harvard. Une plume de plus à mettre au chapeau d’Ismail Kola,
chargé du développement des médicaments chez UCB.


Côté recherche, après avoir conclu un accord de partenariat avec la K.U. Leuven en avril, le groupe belge a fait la cour à Harvard. Avec succès: la collaboration a été scellée fin juin au cours de la mission économique belge aux Etats-Unis, placée sous la direction du prince Philippe. UCB apporte dans le deal 4,4 millions d’euros pour la recherche de médicaments liés aux maladies graves du système nerveux central (SNC) et de l’immunologie.
De prochaines collaborations sont-elles à prévoir? «Je ne peux pas révéler quel sera le prochain accord, déclare Ismail Kola. Je me contenterai de dire que nous travaillons de façon proactive et que nous avons déjà été invités par beaucoup d’universités de haut niveau.»

Plusieurs moteurs de croissance
Ismail Kola refuse de parler des points faibles d’UCB. «Il est plus important pour nous de nous concentrer sur ce qui va bien. Actuellement, nous sommes la seule entreprise du secteur à connaître une croissance importante, en ce sens qu’après l’échéance de la protection du brevet européen sur le Keppra, nous n’avons plus de brevets venant à échéance sur une période de près de 10 ans. Entretemps, avec le Cimzia, le Vimpat et le Neupro, nous avons trois moteurs de croissance. Et n’oublions pas le Toviaz, un médicament pour le traitement de l’hyperactivité vésicale lancé par Pfizer à qui nous avons octroyé une licence. De plus, nous avons à nouveau rempli notre escarcelle pour la phase trois (Ndlr, la dernière phase de développement clinique d’un produit) avec le brivaracétam (antiépileptique) et l’épratuzumab indiqué dans le traitement du lupus érythémateux systémique (maladie inflammatoire auto-immune) et nous avons amené un certain nombre de médicaments en phase deux.»

Les développements positifs chez UCB n’échappent pas à l’attention des autres acteurs du marché. Beaucoup de grandes entreprises pharmaceutiques sont confrontées à des portefeuilles de produits (et de brevets) qui se vident, alors qu’ils constituent des réserves importantes pour procéder à d’éventuels achats. Font-elles des offres à UCB? Ismail Kola refuse de répondre. «C’est une question que vous devez naturellement me poser et je dois naturellement vous dire que je ne peux pas faire de commentaire. Mais il serait naïf de penser qu’on ne lorgne pas vers nous.»

«Pour nous, il n’est pas important de faire des spéculations à propos de l’intérêt que nous suscitons.
Ce qui importe, c’est de nous dire que nous pouvons écrire une formidable page d’histoire de notre industrie et que nous pouvons réaliser notre mission, poursuit Ismail Kola qui ne cache pas son admiration pour le CEO du groupe, Roch Doliveux.
Je lui ai demandé Roch, quels sont les CEO que tu admires? Il a cité Paul Janssen (Janssen Pharmaceutica), Roy Vagelos (ex-patron de Merck) et Arthur D. Levinson (Genentech) parce que ce sont de grands scientifiques qui ont bâti de grandes entreprises. Ce fut pour moi la preuve que Roch ne s’intéressait pas seulement aux résultats financiers mais aussi à l’avenir. Il passe d’ailleurs souvent une bonne partie de la journée à discuter avec moi et d’autres scientifiques à propos de nos objectifs et des collaborations possibles.»

Seulement voilà, les choses ne vont jamais assez vite pour Ismail Kola. «Je presse mes collaborateurs de (ré)agir promptement. A chaque réunion produit, j’insiste sur le fait que si un médicament est commercialisé avec un jour de retard, c’est un jour de perdu pour des milliers de patients. A la fin de la vie d’un brevet, un jour de retard signifie aussi une perte de millions de dollars. C’est pourquoi je défie toujours mes équipes de chercher un moyen d’accroître leur efficacité. Dans mon emploi précédent, j’avais déjà l’habitude de mettre des médicaments très vite sur le marché, et c’est aussi le cas ici. C’est une tension saine, créative, l’urgence d’aujourd’hui, non de demain.»


Traqueur de médicaments
Ismail Kola a étudié les mathématiques, la statistique et la pharmacie, avant de décrocher
son doctorat à l’université du Cap. Peu après, il est parti s’établir en Australie où il a travaillé 14 ans
à l’université de Monash et occupé pendant 11 ansle poste de directeur du Centre de recherche
du génome. Il y a acquis une solide réputation dans l’identification des gènes qui causent
des anomalies chez les patients atteints du syndrome de Down. Plus tard, il a étudié les maladies inflammatoires et l’ostéoporose, des domaines sur lesquels UCB se concentre.
Dans les années 1990, il a combiné ses fonctions universitaires avec des missions de consultance,
notamment pour SmithKline Beecham. En 2000, il est passé dans le secteur privé. Il a commencé
par travailler chez Pharmacia —acheté peu après par Pfizer. Il est ensuite entré chez Merck qui lui
a offert le contrôle de sa recherche fondamentale: 1.100 scientifiques et un budget annuel de 280
millions d’euros. En 2007, on le retrouve chez Schering-Plough où il dirige 1.800 personnes et dispose d’un budget de 600 millions d’euros. Juste après l’acquisition de Schering-Plough par Merck,
Ismail Kola est engagé chez UCB. Il est l’auteur de 159 publications dans les revues scientifiques les plus réputées et l’inventeur de 12 brevets. Il est aussi administrateur dans les entreprises biopharmaceutiques américaines

15 septembre 2011 - source : Trends.be